Rabbi Yechayahou Halévi Horowitz zatsal, surnommé le Chla Hakadoch était l’un des plus grands rabbanim d’Allemagne. Après le décès de sa première femme, il décida de s’installer en Israël dans le but d’y élargir la communauté juive.
Alors qu’il résidait encore en Allemagne , des cuillères en argent furent dérobées à son domicile. Ce larcin suscita l’indignation des proches et des élèves du Rav, et tous menèrent des recherches acharnées pour mettre la main sur l’odieux voleur.
Les soupçons du Rav se dirigèrent contre l’un de ses disciples. Il demanda donc à ce que l’on mène l’enquête et effectivement, peu de temps après, le butin fut retrouvé à son domicile.
Le Chla Hakadoch récupéra donc ce qui lui appartenait, mais la honte qui envahit le coeur du coupable, lui fit perdre la raison : il quitta la ville et renia le judaïsme.
Avec le temps, ce renégat parvint toutefois à bâtir un empire : il était si riche, qu’il avait réussi à obtenir les faveurs du roi, qui appréciait beaucoup sa compagnie. En signe d’amitié et pour lui témoigner sa confiance, le roi décida de l’élever au rang de ministre des douanes de la ville de Jaffa.
Quelques années plus tard, le Chla Hakdaoch quittait l’Allemagne pour rejoindre la Terre sainte.
Lorsque le navire accosta au port de Jaffa, le Chla descendit avec enthousiasme vers le rivage, et son visage rayonnant se démarquait dans la foule pressante.
Son ancien disciple, qui était alors responsable des douanes, le reconnut immédiatement.
“Salam alekoum”, lui dit-il en souriant. Il lui témoigna beaucoup de respect et l’invita même dans sa somptueuse demeure pour reprendre des forces après ce long voyage.
Le Chla était loin de se douter que ce musulman affable, n’était autre que son ancien disciple. Il accepta donc cette invitation avec joie.
La demeure du ministre était une pure merveille : une magnifique structure de cing étages surplombait un jardin verdoyant, des parfums entremêlées de fleurs exotiques embaumaient l’air ambiant et quelques fontaines judicieusement disposées offraient aux visiteurs une source d’eau fraîche et désaltérante.
Le Chla Hakadoch suivit son hôte sur le chemin qui menait au palais. Lorsqu’ils arrivèrent devant la porte principale, le ministre demanda à son garde de s’assurer que la porte de la cour était bien verrouillée.
Le gardien obéit à l’ordre de son maître et pendant ce temps là, le ministre invita son hôte à pénétrer dans sa demeure. Sans que le Rav ne s’en rende compte, le ministre verrouilla la porte derrière lui.
Ensuite, il fit visiter sa maison au Rav qui fut impressionné par tant de faste et de richesse. A la fin de la visite, le ministre fit entrer le Rav dans une petite pièce et dégaina son épée…
Le Chla prit peur. Il supplia le ministre de lui laisser la vie sauve en lu disant qu’il n’était coupable d’aucun mal.
Mais le ministre ne voulut rien entendre : “Empressez-vous de faire le Vidouy avant que mon épée ne vous transperce !”
Le Chla comprit que tout cela venait d’Hachem et se repentit ainsi que le font les juifs avant de rendre leur âme au Créateur du monde. Le ministre posa son épée sur le cou du rav qui se mit à réciter le Chema Israël.
Tout à coup, le Chla sentit un baiser se poser sur son front.
Il ouvrit les yeux et remarqua le ministre penché sur lui, le visage souriant.
“Asseyez-vous mon maître”, lui dit le ministre. “Daignez accepter mes excuses pour ce que je vous ai fait subir.’
“Qui êtes-vous ?”, lui demanda le Rav effrayé.
“Je suis Untel, votre élève”, lui répondit ce dernier. “Après que vous ayez demandé à ce qu’une enquête soit menée pour déterminer l’auteur du vol des petites cuillères en argent, j’était tellement honteux et embarrassé que j’ai renié la foi de mes pères.”
“Je sais que vous êtes un grand Tsaddik”, poursuivit le ministre. “Et lorsque j’ai appris que vous aviez l’intention de vous installer en Israël pour y développer le monde de la Torah, j’ai pensé qu’il était fort dommage qu’à cause de la honte que vous m’avez infligée et de l’hérésie qui s’en est suivie, vos mérites ne soient entachés. C’est la raison pour laquelle j’ai conçu ce stratagème mais je ne voulais en aucun cas vous faire souffrir. Je voulais simplement que cela vous apporte l’expiation afin que le Ciel ne le compte pas comme une Avéra. Je vous en prie, mon maître et Rav, pardonnez moi.”
Il lui embrassa les pieds et lui accorda de nombreux honneurs.
Cette histoire a été rapportée par le Ben Ich ‘Haï dans son livre :”Ben Yehoyada” (Baba Metsia 24) et contient un puissant message quant à la façon dont il faut réagir lorsque l’on voit un homme commettre un péché.
Nos Sages enseignent (Avot 4,18) : “Ne cherche pas à voir (ton prochain) au moment de sa déchéance.”
Pour quelle raison ?
“Car il éprouve de la honte à ce moment là (Maguen Avot sur le rachbatz) “et cela peut entraîner un enchaînement de déchéances… car il dira : mes amis savent que j’ai commis cette erreur, et je ne peux me tenir devant eux avec la honte que je ressens”.
Si cela est vrai avec nos amis, à plus forte raison, cela l’est aussi pour nos enfants !
Rejoignez notre groupe Whatsapp, en cliquant ici et retrouvez-nous sur instagram et sur facebook