Voici une histoire édifiante sur la force de la Emouna et sur le lien puissant qui se crée entre Hachem et celui qui place sa confiance en lui.
Rivka ‘Hen est une femme âgée qui vit depuis plusieurs années dans une maison de retraite située dans le nord d’Israël. Its’hak, son fils unique a pris l’habitude de lui rendre visite tous les mercredis afin de passer du temps avec elle, de la distraire, et de s’assurer qu’elle ne manque de rien.
Un jour, Its’hak reçoit un coup de fil du directeur de la maison de retraite. D’une voix fébrile et pleine de tristesse, il annonce à Its’hak une terrible nouvelle :Monsieur ‘Hen, votre mère a fait un malaise la nuit dernière. Comme elle a perdu connaissance, nous avons appelé une ambulance qui l’a immédiatement conduite à l’hôpital.
– La nuit dernière ? Mais pourquoi ne m’avez-vous pas appelé ?
– Nous avons essayé de vous joindre, mais sans succès.
Très angoissé, Its’hak bombarde alors son interlocuteur de questions.
-Comment va-t-elle à présent ? Elle s’est réveillée ? Que disent les médecins ? Dans quelle hôpital se trouve-t-elle ?
Silence à l’autre bout du fil.Monsieur Lévy, répondez-moi !
– Je…, je suis désolé… Il est trop tard. Votre mère… votre mère est décédée.
Le coeur d’Its’hak bondit dans sa poitrine. Il se met à trembler et son visage pâlit de façon inquiétante. Il s’en veut tellement de ne pas avoir été au côté de sa mère lors de ses derniers instants ! L’immense peine qui l’envahit l’empêche de sortir le moindre son de sa bouche. Après quelques secondes de silence, il se reprend :
– Ecoutez je.., je ne suis pas en état de m’occuper de la levaya. Je n’ai pas le coeur à gérer seul l’enterrement de ma mère. J’étais son fils unique vous comprenez ?
Plein de compassion, le directeur de la maison de retraite promet à Its’hak de prendre les choses en main et c’est ainsi que peu de temps après, l’enterrement de Rivka ‘Hen a lieu en petit comité. Conformément à la Halakha, Its’hak déchire ses vêtements et prononce la bénédiction : “Baroukh Dayan Haemeth”. Il récite le Kaddish, et s’en retourne chez lui pour respecter les sept jours de deuil traditionnels. Sa peine est immense, mais malgré tout, cette période douloureuse s’achève et Its’hak essaie tant bien que mal de reprendre le dessus. Le mercredi suivant, alors qu’Its’hak s’apprête à sortir de chez lui, le téléphone sonne.
– Allô ? Bonjour Its’hak, comment vas-tu ?
Au son de la voix de son interlocuteur, la respiration d’Its’hak se bloque.Qui… Qui est-ce ? demande-t-il d’une voix tremblante.
– Mais c’est moi, maman. Quoi ? Tu ne reconnais même plus ma voix ?
Its’hak manque de lâcher son téléphone.Maman ? Maman ? Il a l’impression d’avoir reçu un coup de massue. Maman, mais où es-tu ?
– Comment ça ? Où veux-tu que je sois ? A la maison de retraite ! Mercredi dernier tu n’es pas venu me voir. Je suppose que tu étais occupé. Mais aujourd’hui, pourquoi n’es-tu pas venu ?
Its’hak se laisse tomber sur le fauteuil. Ses jambes, tremblantes ne parviennent plus à le soutenir.
– Comment vas-tu maman ? finit-il par demander d’une voix étranglée.
– Je vais bien, Baroukh Hachem.
Et Rivka ‘Hen se met à faire la conversation à son fils, comme si de rien était.
Its’hak est bouleversé par ce qui lui arrive mais il finit par comprendre que “l’enterrement de sa mère”, est en fait la résultante d’une terrible méprise. A la fin de cette conversation surprenante, il téléphone au directeur de la maison de retraite.
– Monsieur Lévy ? Vous ne devinerez jamais avec qui je viens de discuter pendant près d’une heure.
Avant que Mr Lévy n’ait eu le temps de répondre quoi que ce soit, Its’hak reprend d’une voix pleine de gravité et une pointe de colère :
– A ma mère ! Je viens de parler à ma mère ! Mr Lévy, pouvez-vous m’expliquer ce qui se passe exactement ?
Mr Lévy est sous le choc.
– Quoi ? Comment… ? Pouvez-vous répéter s’il vous plaît, je ne suis pas certain d’avoir bien entendu.
Its’hak répète, plus calmement cette fois-ci, le coup de téléphone inespéré qu’il a reçu ce matin de sa “soi-disant” défunte mère.
Le directeur, abasourdi, demande à Its’hak de patienter quelques instants, le temps de procéder à une vérification.
Il revient quelques instants plus tard, et après s’être sincèrement excusé, il explique enfin à Its’hak cette intrigue.
– Tout cela est une terrible méprise. Nous avions dans notre établissement, une vieille dame, portant le nom de Rivka Bar ‘Hen. C’est elle qui est décédée et qui a été enterrée par vos soins. Comme votre mère et cette pauvre femme ont un nom très ressemblant, je me suis trompé, et c’est vous que j’ai prévenu au lieu de la famille de la défunte. Je suis affreusement confus et je vous prie sincèrement de ne pas m’en vouloir car je sais que cette annonce a été extrêmement douloureuse pour vous.
A présent, le directeur a la lourde tâche d’appeler le fils de Rivka Bar ‘Hen, afin de lui annoncer la mort de sa mère. D’une main tremblante, il décroche son téléphone et compose le numéro de Dan Bar ‘Hen.Monsieur Bar ‘Hen ? commence-t-il d’une voix vacillante. Je suis Mr Levy, le directeur de la maison de retraite où loge votre maman. Je suis profondément désolé de ce qui s’est passé et nous en sommes les seuls responsables. Je vous demande pardon et j’espère que comprendrez que tout cela n’est qu’une effroyable erreur.
Mais enfin de quoi parlez-vous ?, s’impatiente Dan.
Désolé, je vais tout vous expliquer. Il y a une semaine et demi, votre maman a fait un malaise, et elle est malheureusement décédée quelques instants après son arrivée à l’hôpital.
– Une semaine et demi ? Et c’est maintenant que vous m’appelez ? Je n’y crois pas !
– Justement, c’est à cause de l’erreur dont je vous parlais tout à l’heure.
Et comme il l’a fait peu de temps avant avec Its’hak ‘Hen, le directeur explique à Dan Bar ‘Hen, l’origine de cette méprise.
Une immense tristesse envahit Dan.
– Alors, c’est terminé… Ma mère est morte ? Je n’arrive pas à y croire ! Une femme si douce et si souriante… Je ne la verrai plus jamais…
Il se tait quelques instants avant de reprendre :
– Que dois-je faire à présent ?
– Et bien, répond Mr Lévy, en réalité, nous nous sommes déjà chargés de tout. Comme je vous l’ai expliqué, elle a été enterrée il y a une semaine et demi.
Mais alors que Mr Lévy s’attend à des cris ou du moins, à de nouvelles remontrances, Dan change de ton et demande soudain :Dites-moi, a-t-elle été enterrée dans un cimetière juif ?
– Oui, évidemment !
– Et, avez-vous récité pour elle le Kaddish ?
– Bien entendu ! Ne vous inquiétez pas, nous avons respecté scrupuleusement la Halakha. Elle a été enterrée dans les règles.
– Je n’arrive pas à y croire ! Elle a réussi ! Elle a gagné ! Elle avait raison et j’avais tort.
– Pardon ? demande Mr Lévy qui ne comprend pas où veut en venir Dan.
– Je vais vous expliquer. Depuis que ma mère a été placée en maison de retraite, nous avons souvent débattu au sujet de la Emouna. Et je me souviens lui avoir répété à plusieurs reprises, que puisque je n’étais pas croyant, je n’avais pas l’intention de l’enterrer selon la tradition juive. Je voulais faire don de son corps à la science. Elle m’a supplié à plusieurs reprises de ne pas faire une chose pareille, mais moi je souriais. Après tout, qu’est-ce que ça pouvait bien lui faire ce qui se passerait après sa mort ?
Un jour, alors que je lui refusais une nouvelle fois de lui promettre de l’enterrer selon la tradition, elle m’a répondu : “Tu sais quoi ? Si tu ne t’occupes pas de moi, c’est D.ieu Lui-même qui se souciera de m’enterrer comme il se doit !”
Cette phrase m’a fait bien rire sur le moment. Mais ce qui vient de se passer est juste incroyable ! Elle a compté sur le Maître du Monde afin qu’il se soucie de son sort et sans que personne ne sache vraiment comment, elle a été enterrée selon la pure tradition juive. Je m’incline. Elle avait raison, et j’avais tort !
Celui qui place sa confiance en D.ieu peut être certain que D.ieu ne l’abandonnera pas lorsqu’il fera appel à lui ! Et c’est histoire vraie en est la preuve.
Tiré du livre “Hinéni Beyadekha”, adaptation française Elisheva Uzan