Rahel vint au monde il y 3601 ans. Son existence fut parsemée d’épreuves douloureuses, mais elle sut faire preuve d’une grandeur d’âme jamais égalée. Retour sur le parcours de vie de celle que l’on considère encore aujourd’hui, comme la mère du peuple juif.
Ra’hel Iménou est l’une de nos quatre matriarches. Le récit de sa vie figure dans le livre de Berechit (chapitre 29 au chapitre 35). Sa personnalité, ses qualités et son existence sont empreints de sacrifices, de concessions et de souffrances. Reprenons brièvement les points essentiels de sa vie.
Jeunesse
Ra’hel est née en l’an 2171 à Padan Aram (qui est aussi appelé ‘Haran). Son père était Lavan fils de Betouel, fils de Na’hor, lui même fils de Tera’h. Ra’hel était la petite soeur de Léa. Toutes deux perdirent leur mère alors qu’elles étaient encore enfants. Elles n’avaient pas de frères, c’est la raison pour laquelle, Lavan avait confié à Ra’hel la tâche de surveiller son troupeau.
Yaacov
En terre de Canaan vivait Its’hak le fils d’Avraham, qui consacra sa vie à découvrir et à propager le nom divin. Its’hak avait deux fils : Yaacov qui passait son temps à étudier et Essav qui était un guerrier. Sentant sa fin approcher, Itsh’ak convoqua ses enfants afin de les bénir. Suivant les conseils de sa mère, Yaacov pris l’apparence d’Essav et reçu la bénédiction destinée à l’origine à son frère jumeau. Essav fulmina et se promit de tuer Yaacov. Pour échapper à la colère de son frère, Yaacov s’enfuit vers ‘Haran pour rejoindre la famille de sa mère.
Yaacov et Ra’hel.
La Torah raconte la première rencontre entre Yaacov et Rahel : Epuisé, et dépouillé de ses biens (par Eliphaze, fils d’Essav), Yaacov arrive à Haran. Il aperçoit alors trois bergers assis autour d’un puits. Ils expliquent à Yaacov qu’ils attendent du renfort pour soulever le rocher qui recouvre le puits. Peu de temps après, Ra’hel se dirige vers le puits, suivie du troupeau de son père, qu’elle doit abreuver. Lorsque Yaakov voit Ra’hel, il se sent animé de nouvelles forces et avec une facilité déconcertante, il soulève cet énorme rocher. Yaacov s’approche alors de Ra’hel, l’embrasse et se met à pleurer. Le Midrach explique que Yaacov sut par Roua’h Hakodech – inspiration divine – que Ra’hel décéderait jeune et ne serait pas enterrée à ses côtés. Souhaitant plus que tout épouser Rahel, Yaacov demanda sa main à son père Lavan. N’ayant rien à offrir à sa fiancée, Yaacov propose à Lavan de travailler pour lui pendant sept ans, ce que ce dernier accepte. Les sept années s’écoulent rapidement et le mariage entre Yaacov et Rahel est désormais imminent. Craignant les fourberies de son futur beau-père, Yaacov convint avec Ra’hel de signes leur permettant de se reconnaître l’un l’autre. Dans quelques heures, ils se tiendront sous la Houppa. Du moins, c’est ce qui aurait dû se passer…
Rahel a pitié de sa sœur
Mais Lavan a d’autres projets pour le futur couple… Il ordonne à Ra’hel de céder sa place à sa sœur Léa, sous la ‘Houpa. Ra’hel pleure tout au long de la journée qui aurait être la plus belle de sa vie, déchirée entre l’amour qu’elle porte à son futur époux et celui qu’elle porte à sa grande sœur Léa. Elle ne peut supporter l’idée que sa sœur soit humiliée, et peu de temps avant la ‘Houpa, elle décide de lui dévoiler les signes qu’elle avait convenus avec Yaacov. Finalement, Yaacov et Léa se marient, et au matin, Yaacov découvre la supercherie. En colère, il demande des explications à son beau-père qui lui répond : “Nous n’avons pas coutume de marier la petite avant la grande. Si tu tiens à épouser Rahel, il te faudra travailler sept années supplémentaires.” Trop attachée à Ra’hel pour renoncer à elle, Yaacov reste donc au service de Lavan sept années de plus. Malheureusement, Rahel est stérile et tandis que Léa met au monde quatre enfants – Réouven, Chimon, Lévi et Yéhouda – Ra’hel rêve de pouvoir à son tour tenir son enfant dans les bras. Désespérée, elle dit à Yaacov : “Donne-moi des enfants, où je mourrai”.
Elle donne alors sa servante Bilaa à Yaacov dans l’espoir que l’enfant qui naîtrait de cette union soit le sien. Bilaa met au monde deux garçons : Dan et Naftali. Léa ne parvenant plus à concevoir donne, elle aussi, sa servante Zilpa à Yaacov. De cette union naissent Gad et Acher. Peu de temps après, Léa tombe enceinte et donne naissance à Issakhar puis à Dina.
Hachem écoute les prières de Rahel
Après 11 années de supplications, Hachem répond aux prières de Ra’hel et lui donne un fils : Yossef. Ra’hel continue à prier afin d’avoir d’autres enfants, et à nouveau, Hachem entend sa Tefila. Alors qu’elle est enceinte, Yaacov et sa famille quittent Haran, après avoir subi de nombreuses tromperies de Lavan, et tandis qu’ils approchent de Beit Lehem, Ra’hel est sur le point d’enfanter. L’accouchement se complique, et âgée d’à peine 36 ans, Rahel rend son âme pure au Créateur en mettant au monde Binyamin.
Guidé par une inspiration divine, Yaacov sait que dans le futur, ses enfants, seront exilés et passeront par Beit Lehem. Aussi décide-t-il d’enterrer Rahel sur le chemin de Beit Lehem afin qu’elle puisse implorer Hachem pour ses enfants. Hachem n’oublia pas l’acte de bonté que Rahel fit à l’égard de sa soeur – à tel point que jusqu’à aujourd’hui, ses pleurs sont capables d’éveiller la miséricorde divine et de sauver le peuple juif.
Le Midrach raconte que lorsque Nabuchodonosor déporta le peuple juif vers Babel, nos Patriarches se tinrent devant Hachem afin qu’Il ait pitié de son peuple, et annule ce terrible décret. Mais les Bnei Israël avaient pratiqué l’idolâtrie, et D. refusa d’écouter les prières des Avot. Rahel apparut alors devant Hachem, et le supplia : “Maître du monde ! Tu sais l’amour que Yaacov me portait. Pour pouvoir m’épouser, il travailla sept longues années. Yaacov m’avait transmis des signes de reconnaissance, afin que mon père ne puisse le tromper. Mais pour éviter que ma soeur ne soit humiliée, je lui ai non seulement cédé mon mari, mais je lui ai également transmis les signes afin que Yaacov ne la repousse pas. Maitre du monde ! Si moi, qui ne suis qu’un être de chair et de sang, je n’ai pas jalousé ma soeur, à plus forte raison, Toi, le D. puissant et miséricordieux, pourquoi jalouserais tu ces idoles ? Pourquoi livrerais-tu ton peuple dans la main de ses ennemis ?”
Immédiatement, la miséricorde d’Hachem s’éveilla. “Grâce à Rahel, le peuple juif regagnera sa terre”. Ainsi dit Hachem : “Une voix se fit entendre dans Rama, des lamentations et des pleurs amers : Rachel pleure pour ses enfants et refuse d’être réconfortée, car ils sont absents. Et D.ieu lui répondit : Retiens ta voix de pleurer, et tes yeux de verser des larmes ; car ton effort sera récompensé, dit D.ieu, et ils reviendront du pays de l’ennemi. Il y a de l’espoir pour ton avenir… tes enfants retourneront à leurs propres frontières.“
Lorsque Rav Haïm Chmoulevitz se rendit sur le tombeau de Rahel Iménou, il s’écria : “Maman Rahel, Hakadoch Baroukh Hou te demande de sécher tes larmes, mais moi, je t’en conjure, pleure pour nous, afin d’éveiller la miséricorde divine et nous permettre d’assister à la délivrance finale !”
Efrat Cohen