“Ta mission est de sourire”. Le message aussi surprenant qu’émouvant du décisionnaire Rav Chemouel Halévi Wozner à un malade.
L’histoire suivante a été rapportée par le Rav Acher Koubalsky dans le site Dirchou.
Un jour, le Rav Chemouel Halévi Wozner entreprit de rendre visite à des malades de l’hôpital “Maayané Hayéchoua”. Le Rav Israël Zikerman – alors aumônier de l’hôpital – questionna le Rav Wozner au sujet d’un malade : “C’est un homme âgé, qui souffre beaucoup. Il est alité et ne peut faire le moindre mouvement sans l’assistance des infirmiers. Il souhaite savoir si, compte-tenu de sa situation, il est tout de même tenu de réciter la bénédiction “Chéassa Li Kol Tsorki” (“qui m’a donné tout ce dont j’ai besoin”), attendu qu’il est invalide et tributaire d’une aide extérieure.”
Le Rav Wozner comprit le message subliminal qui se cachait derrière cette question. “Où puis-je trouver cet homme ?” demanda-t-il au Rav Zikerman. “Il est hospitalisé dans la chambre numéro trois, à gauche”, répondit ce dernier.
Malgré son âge avancé, le Rav Wozner décida de se rendre auprès de ce malade. Lorsque les portes de l’ascenseur s’ouvrirent, laissant apparaître le visage de ce grand décisionnaire, le personnel soignant fut à la fois impressionné et étonné par cette visite inattendue.
Le Rav Wozner pénétra dans la chambre du malade, s’assit près de lui et posa sa main sur la sienne : “Comment te sens-tu ?”, lui demanda-t-il d’une voix douce et chaleureuse.
Le malade soupira, esquissa un sourire, puis soupira à nouveau.
“Me permets-tu de te raconter une histoire ? lui demanda le Rav.”
L’homme hocha difficilement la tête, tandis que l’équipe soignante, assistait avec un étonnement grandissant à cette scène émouvante : qui pouvait bien être ce patient anonyme pour mériter que le Rav Wozner vienne son chevet ?
“Dans ma jeunesse, j’ai étudié à la Yechiva “Hakhmé Lublin”, commença le Rav Wozner. Un jour, le Roch Yechiva, Rav Méir Chapira zatsal me convoqua. Il s’apprêtait à rendre visite à un malade alité et souhaitait que je l’accompagne, ce que j’acceptais volontiers. Lorsque nous entrèrent dans sa chambre, nous comprirent immédiatement que son état de santé était préoccupant. Malgré les souffrances qu’il endurait, le malade nous accueillit avec un large sourire.
“J’aurais voulu vous recevoir comme il se doit, venir à votre rencontre, vous servir à boire et vous proposer un gâteau… Mais j’en suis malheureusement incapable, nous expliqua-t-il. Tout ce que je peux offrir à ceux qui me rendent visite, c’est un sourire. C’est ainsi que je leur exprime ma gratitude et la joie que me procure leur visite. Cher Rav, c’est la seule chose que je peux encore faire. C’est ma mission sur terre…”
Le Rav Wozner serra la main du malade et lui dit : “Lorsque je t’ai vu sourire, cela m’a rappelé cette histoire. Tu voudrais savoir si tu dois réciter la bénédiction “Chéassa Li Kol Tsorki” alors que tu es infirme ? Tu ne dois pas te sentir amoindri ou incompétent car tu as, toi aussi une mission : celle de sourire. Souris à tes visiteurs, et pourquoi pas à toi-même. Souviens-toi que de nombreuses personnes ont été dans ton cas, et s’en sont finalement sortis. Souris et réjouis-toi car c’est ainsi que tes souffrances se dissiperont et que tu guériras complétement.”
Le Rav Koubalsky a entendu cette histoire du Rav Zikerman, qui lui a également appris que contre toute attente, l’état de santé du malade s’est amélioré de façon significative. Il a réussi à se lever et à marcher tout seul, sans avoir besoin d’un soutien extérieur.
Dans le trait Nédarim, la Guémara enseigne que “celui qui rend visite à un malade, lui redonne vie”. La Mitsva de rendre visite à des malades a le pouvoir de guérir et de revigorer la personne souffrante.
Cette Mitsva procure à l’homme une récompense dans ce monde-ci et dans le monde futur. Certes, il n’est pas toujours simple de rendre visite à un malade : cela demande du temps, une certaine force psychologique et il est parfois compliqué de trouver les bons mots pour tenter de soulager quelqu’un qui souffre. Malgré tout, il est important de faire autant d’efforts que possible pour le réconforter, l’encourager et lui donner la force d’aller de l’avant. Celui qui agit ainsi bénéficiera d’une providence divine particulière et verra de grands miracles.
Tiré du site “Dirchou”, adaptation française Elisheva Uzan.