A'haré Mot

Ahare Mot. La mort des Justes est une expiation

 « Que [ce service] soit pour vous un statut perpétuel, afin de relever les enfants d’Israël de tous leurs péchés, une fois l’année » (Vayiqra 16,34)

Le Yom Kippour de l’année 5720 (1959), peu avant que débute la prière de Néïla, rav Eliyahou Lopian prit la parole dans la yéchiva Knesset ‘Hizqiyahou de Kfar ‘Hassidim. Avec une émotion palpable, alors que d’abondantes larmes inondaient son visage et étouffaient sa voix, il prononça les mots suivants :

« Le décès de certains Justes offre une expiation à ses proches et aux membres de sa famille. La mort de Justes plus grands efface quant à elle les fautes de tous ses concitoyens. Mais lorsque le maître de la génération vient à décéder, il offre une expiation à tous les hommes de son époque !Ceci apparaît dans le texte talmudique suivant : “Rabbi Ami demanda : Pourquoi, dans la Tora, le décès de Myriam est-il juxtaposé au passage relatif à la vache rousse ? Pour t’apprendre que de même que la vache rousse expiait les fautes, ainsi la mort des Justes expie les fautes. Rabbi El’azar demanda : Pourquoi, dans la Tora, le décès d’Aharon est-il juxtaposé au passage relatif aux vêtements des Cohanim ? Pour t’apprendre que de même que les vêtements des Cohanim expiaient les fautes, ainsi la mort des Justes expie les fautes (Mo’ed Qatan 28). »

Par ces mots, le Machguia’h de la yéchiva entendait répondre à une célèbre question relative au verset en exergue : pour quelle raison la Tora indique-t-elle précisément au sujet de Yom Kippour qu’il survient « une fois l’année » ? Toutes les autres fêtes ne sont-elles pas célébrées également une fois par an ? « C’est qu’en réalité, expliqua-t-il, Yom Kippour diffère effectivement des autres fêtes, en cela que de nombreux autres “Yom Kippour“ peuvent survenir pendant l’année. Cela se produit à chaque fois qu’un Juste disparaît. Nous adressons donc nos prières au Maître du monde, et Lui demandons que Yom Kippour n’arrive vraiment qu’une seule fois l’an. Voilà ce que la Tora suggère par cette précision. »

Ces paroles furent prononcées en plein Yom Kippour, et personne n’en saisit la portée véritable. C’est seulement à l’issue du jour saint que l’on en comprit le sens : la nouvelle se répandit dans tout Israël qu’au moment de Kol Nidré, rav Its’haq Zéev Soloveitchik, le rav de Brisk, avait rendu son âme pure au Créateur. C’est alors que l’on réalisa le sens profond de ces paroles : « Lorsque le maître de la génération vient à décéder, il offre une expiation à tous les hommes de son temps ! » Et nul ne resta indifférent face à cette formidable lucidité.(Récit rapporté dans le chapitre Chvivé Lev du Lev Eliyahou, tome I p.214.)

L’ouvrage Marbitsé Tora OuMoussar (tome III, p.212) nous apprend d’autres détails concernant le décès du rav de Brisk : « Quelques jours avant sa mort, le rav dit à son fils aîné, rav Yossef Dov :

“Cette année, nous aurons deux Yom Kippour consécutifs : le premier s’achèvera quand le second débutera.“ Il formula cette annonce mystérieuse, sans donner davantage de précisions. Quelques jours plus tard, l’énigme fut résolue. La veille de Yom Kippour, une petite heure avant que débute la prière de Kol Nidré, les plus proches disciples du maître se rassemblèrent chez lui, prêts à accueillir le jour saint. A ce moment précis, ses fils remarquèrent un changement profond dans sa physionomie. Quelques instants plus tard, son âme le quitta avec sainteté et pureté, au cri vibrant de toute l’assistance : “Ecoute Israël, l’Eternel est notre D.ieu, l’Eternel est Un !“La nouvelle se répandit comme une traînée de poudre d’un bout à l’autre de Jérusalem : Rabbi Velvel [Zéev] de Brisk n’est plus de ce monde, le Créateur l’a rappelé auprès de Lui ! »

Cet extrait est issu du livre « Lekah Tov » publié par les éditions Jérusalem Publications, avec leur aimable autorisation. Tous droits réservés.

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