Midoth – Comment se débarrasser de la colère ? Par Rav Zamir Cohen
Le premier pas pour acquérir de bonnes midoth, nous dit le Ramban, est de s’éloigner de la colère, et il nous donne une instruction pratique pour y parvenir : “Prends l’habitude de toujours prononcer toutes tes paroles avec calme, envers toute personne, et à tout moment”.
SUIVRE LES INSTRUCTIONS DE LA LETTRE AFIN DE
GAGNER GROS…
Nous avons parlé jusque-là de la base et des points essentiels qui concernent l’élaboration de la personnalité de l’homme. Nous allons passer à présent à une initiation pratique progressive à ce travail de premier ordre, à la lumière des instructions de nos Sages.
Nous commenterons en particulier la célèbre lettre du Ramban, qu’il envoya à son fils pour l’initier au travail de la vie et à la fin de laquelle il écrit : “Lis cette lettre une fois par semaine et pas moins, afin de l’accomplir et de suivre toujours Hachem Yitbarakh grâce à elle, afin que tu réussisses dans toutes tes voies, et que tu mérites le ‘Olam haBa réservé aux Tsadiqim. Chaque jour où tu la liras, on te répondra du Ciel selon la demande que tu
formuleras, Amèn Séla.”
De telles promesses pour la simple lecture hebdomadaire d’une page ? Il faut comprendre ! Lorsqu’on étudie les messages extraordinaires que recèle cette lettre pour la vie, on accède au secret qu’elle renferme. Nous allons donc nous concentrer sur le processus de travail des midoth d’après l’échelle du Ramban, en y associant les propos d’autres Sages d’Israël.
LE PREMIER PAS : S’ÉLOIGNER DE LA COLÈRE
Le Ramban commence avec les mots affectueux d’encouragement que Chlomo HaMélèkh adresse à son fils dans Michléi (1, 8) : “Ecoute, mon fils, les remontrances de ton père, et ne rejette pas la Torah de ta mère”. Puis, il passe aussitôt à la pratique : “Prends l’habitude de toujours exprimer toutes tes paroles avec calme, envers toute personne et à tout moment, et ainsi tu seras préservé de la colère, qui est une mauvaise mida qui fait fauter les êtres humains. Nos Sages ont dit : “Toutes sortes de guéhinam s’emparent de quiconque se met en colère.” Et lorsque tu seras sauvé de la colère, la mida d’humilité viendra dans ton cœur, qui est la meilleure de toutes les bonnes midoth.”
Lorsqu’un homme aborde avec enthousiasme et entrain le travail de correction de ses midoth, avec l’aspiration d’arriver au perfectionnement souhaité et à l’équilibre exigé, il hésite souvent : par quoi commencer ? Il y a tellement de midoth sur lesquelles il convient de travailler : l’orgueil, la colère, la haine, l’appétence, la recherche des honneurs, la paresse, etc…
Par laquelle commencer ?
Le premier pas pour acquérir de bonnes midoth, nous dit le Ramban, est de s’éloigner de la colère, et il nous donne une instruction pratique pour y parvenir : “Prends l’habitude de toujours prononcer toutes tes paroles avec calme, envers toute personne, et à tout moment”. Phrase brève, mais qui en dit long. Il faut s’habituer à toujours parler avec calme, “envers toute personne”, son mari ou sa femme, son enfant, son voisin, son employeur, son employé – toute personne avec qui l’on vient à parler !
“A tout moment” – sans exception ! Ne te donne pas d’excuse sous prétexte que d’habitude tu t’efforces de ne pas te mettre en colère (ou en disant : “Ce n’est que lorsqu’on m’énerve que je me mets en colère…”). La sagesse consiste en effet à parler calmement justement dans les moments où l’on nous énerve, puisque ce n’est qu’alors que l’occasion nous est donnée de travailler sur la mauvaise mida.
C’est ainsi, dit le Ramban, que “tu seras préservé de la colère” – la colère est semblable à un ennemi dont il faut se préserver !
Pourquoi convient-il de déraciner en premier lieu cette mida ? “Car c’est une mauvaise mida qui fait fauter les gens, comme le disent nos Sages : “Toutes sortes de guéhinam s’emparent de quiconque se met en colère.” Tous les genres de dégâts, malheurs, maladies et autres dommages surviennent, et s’abattent sur la personne qui a succombé à la colère.
Et puisque “les cœurs sont influencés par les actions”, d’après les mots du Séfèr Ha’Hinoukh (Mitsva 16), le cœur se dirige conformément aux comportements habituels de l’homme, il incombe donc à l’homme le devoir de s’entraîner et de s’habituer à parler calmement !
Certaines personnes sont habituées à s’emporter à tout va. Une sorte de voile noir les aveugle alors soudain et elles sont happées par leur colère. Elles risquent de laisser échapper des mots déplacés, de casser des objets, d’endommager et de détruire ce qui les entoure. Puis vient le regret, mais on ne peut plus revenir sur ce qui a été fait, les cicatrices demeurent.
Pourtant, si avant l’épreuve on s’était habitué à parler calmement, ce serait alors beaucoup plus facile de prendre du recul face aux évènements, et de s’abstenir de se mettre en colère.
En effet, après que la personne s’est éduquée à parler calmement avec toute personne et à tout moment, elle est habituée à se comporter avec calme et sérénité, ce qui influence positivement sa personnalité profonde. C’est donc ainsi que même au moment d’une contrariété, la forme habituelle extérieure de calme agit sur son intériorité et lui permet de continuer à parler calmement, au point de maîtriser les sentiments négatifs qui s’éveillent en elle.
Elle essaie de résoudre calmement le problème soulevé, ou même
de se résigner lorsqu’il est impossible de réparer le dommage, tout
cela en réfléchissant et en intériorisant que tout est pour le bien.
Puis lorsque le temps passe, elle découvre à sa grande joie que la
colère aurait été complètement superflue, et qu’elle a bien fait de
ne pas y succomber.
Extrait du livre “L’homme, un corps ou une âme”, du Rav Zamir Cohen. Cet ouvrage est disponible sur Hidabroot shops.