La paracha de Dévarim ouvre le cinquième livre de la Torah du nom de Dévarim. Cette paracha est habituellement lue la semaine qui précède le jeûne du 9 Av, le jour où le premier et le deuxième Beit Hamikdach furent détruits. Ce chabbat se nomme “Chabbat ‘Hazon”, d’après le nom de la Haftarah de la semaine, qui commence par les mots Hazon Yéchayaou comme il est écrit : « Oracle de Yéchayaou fils d’Amotz, qui prophétisa sur Yéoudah et Jérusalem » (Yéchayaou 1.1). C’est la raison pour laquelle, nous développerons cette semaine une question relative à la destruction et à la reconstruction du Beit Hamikdach – que nous puissions assister très prochainement à sa reconstruction.
Dans le traité Erouvin (18b), nos Sages enseignent qu’avant que le temple ne soit détruit, nous recevions l’abondance par le biais des quatre lettres composant le tétragramme. Depuis que le Beit Hamikdach a été détruit, le monde doit se contenter de deux lettres. Nous avons perdu la capacité de recevoir l’émanation d’Hachem à travers les quatre lettres de Son saint nom, composé des quatre lettres Youd, Hé, Vav et Hé. Il nous reste aujourd’hui les lettres Youd et Hé et non Vav et Hé. On retrouve cette même idée dans un autre Midrach, qui explique que tant que les descendants d’Amalek existent, le nom d’Hakadoch Baroukh Hou est incomplet, et son trône céleste est inachevé. Ils ne seront complets que lorsqu’il n’y aura plus de trace d’Amalek dans le monde, comme il est écrit : « Puisque sa main s’attaque au trône d’Hachem, guerre à Amalek de par Hachem, de génération en génération. » ( Chémot 17.16). Dans ce verset le mot ‘trône’ est écrit כס au lieu de כסא, la lettre א manque, indiquant en allusion, que son trône est défaillant à cause d’Amalek. De plus, le nom d’Hachem y est raccourci : il est écrit י-ה au lieu du nom complet de י-ה-ו-ה. Son nom et son trône céleste resteront incomplets jusqu’à ce qu’Amalek soit éradiqué de la surface de la terre.
Tout au long de l’année, il faut nous attrister de la destruction du Beit Hamikdach. Il est rapporté dans le Choulhan Aroukh (1.3) : « Il est recommandé aux hommes ayant la crainte du ciel d’être désolé et préoccupé par la destruction du Beit Hamikdach ». Néanmoins, il y a onze jours dans l’année où nous pleurons et nous lamentons sur la destruction du temple de manière particulière. Ce sont, les neuf premiers jours du mois d’Av, comme le disent nos sages : « Quand le mois d’Av arrive, nous diminuons dans la joie ».
Le dix du mois de Tévet, Nabuchodonosor le mécréant plaça Jérusalem sous siège militaire et le dix-sept Tamouz, il brisa effectivement les murs de Jérusalem et envahit la ville. Onze est la valeur numérique des lettres Vav et Hé (Vav=6 et Hé=5), qui composent la dernière partie du nom de Hachem, une autre référence à ces onze jours de tristesse éxigée. Depuis cette triste période de l’histoire d’Israël, le tétragramme est incomplet et la présence divine est en exil avec son peuple. Nous avons donc la responsabilité et le devoir de prier afin que Son saint nom soit pleinement restauré et que Sa lumière brille sur nous avec la reconstruction du Beit Hamikdach de nos jours. Amen.
Nos sages racontent (Bérahot 3.1) qu’au cours de l’un de ses voyages, Rabbi Yossi entra dans la ruine de l’un des bâtiments détruits pendant le désastre de Jérusalem, pour y prier. Le prophète Eliahou l’attendit près de l’entrée jusqu’à ce qu’il finisse de prier. En sortant, le prophète Eliahou s’approcha de lui et lui demanda: « Mon fils, quelles voix as-tu entendues dans cette ruine? » Rabbi Yossi lui répondit : « J’ai entendu une sorte de roucoulement comme celui d’une colombe qui disait : ‘Malheur à mes enfants qui, à cause de leurs péchés, ont causé ma colère ! Malheur à eux, car j’ai détruit ma maison, brûlé mon temple et les ai exilés parmi les nations ! »
Le prophète Eliahou lui répondit alors: « Par ta vie et par ta tête, ce n’est pas seulement à cette heure-ci que cette voix dit cela, car elle le répète trois fois par jour. De plus, chaque fois que la grandeur d’Hachem est évoquée, comme lorsque les enfants d’Israël entrent dans les synagogues et les maisons d’étude en répondant pendant la sainte prière du Kaddich, “יהא שמיה רבא מבורך -Que son grand nom soit sanctifié”, Hakadoch Baroukh Hou s’exclame : « Heureux le roi qui est ainsi loué dans sa maison. Combien est grande la douleur du père qui a exilé ses enfants, et malheur aux enfants qui ont été exilés de la table de leur père ». Le fait de dire “יהא שמיה רבא מבורך – Que son grand nom soit sanctifié” est une prière pour que le saint nom d’Hachem soit restauré et retrouve sa splendeur avec le retour de l’illumination des deux dernières lettres Vav et Hé.
Notre saint maître le Ben Ich Haï écrit: « Étant donné qu’il est de notre devoir de réaliser le souhait d’Hakadoch Baroukh Hou de rétablir la complétude de Son nom et de Son trône, nous devons répondre au Kaddich en disant : « יהא שמיה הגדול מבורך – Que son grand nom soit sanctifié ». Le Arizal explique lui aussi que le sens de cette proclamation est une référence au verset : « Puisque sa main s’attaque au trône d’Hachem, guerre à Amalek de par Hachem, de génération en génération ». Les forces de la Klipah tentent de se saisir de la première moitié de Son nom, les lettres Youd et Hé; mais elles ne peuvent être soutenues que si elles capturent les deux dernières lettres Vav et Hé, qui ont pour valeur numérique onze. Le chiffre onze fait écho aux onze types de plantes utilisées dans l’offrande d’encens (Kétoret) pour Hachem et dont se nourrissent spirituellement les klipotes.
Quand nous récitons le Kaddich, nous éradiquons la force vitale que les Klipotes reçoivent des onze ingrédients des Kétorets en élevant le Vav et le Hé au niveau du Youd et du Hé; leur connexion provoque alors la destruction des klipotes. C’est la signification de la phrase : « Que son grand nom soit sanctifié », c’est à dire que les lettres Youd et Hé soient reliées à nouveau avec avec les lettres Vav et Hé. C’est pour cette raison, qu’il y a onze lettres dans les mots יתגדל ויתקדש.
Donc, chaque fois que nous mentionnons dans la prière ou dans l’étude à la synagogue ou à la maison d’étude אמן, יהא שמיה רבא, cela éveille en nous un espoir sincère et durable que le Créateur va très vite revenir et nous consoler dans Sa maison, avec la reconstruction du troisième Beit Hamikdach. Son nom sera alors complet, Hachem dominera et Il régnera de toute sa splendeur; ce jour-là, Hachem sera un et Son nom sera un, rapidement et de nos jours.
Extrait tiré du livre : Imré Noam – Sefer Dévarim – Paracha dévarim, Maamar 5 du Rav Yoram Mickaël Abargel Zatsal Amen !