Par le biais d’une comparaison entre l’eau et la Torah, le saint Gaon de Vilna nous dévoile un secret sur l’effet que la Torah peut avoir sur l’être humain : l’eau a la capacité merveilleuse de faire pousser la végétation, sans en modifier la nature.
Dans la paracha de la semaine, Hakadoch Baroukh Hou ordonne à Moché de sanctifier le peuple juif en en vue du don de la Torah comme il est écrit : « Enjoins au peuple de se tenir purs aujourd’hui et demain et de laver leurs vêtements »(Chémot 19.10). Sur ce verset, le Tsémakh Tsédek Zatsal enseigne (voir Ayom Yom 5 Sivan) que pour mériter de recevoir la Torah, il faut laver les trois “vêtements” spirituels que sont, la pensée, la parole et l’action.
Cela signifie qu’il faut s’éloigner des mauvaises pensées, et les remplacer par des pensées pures. Au niveau de la parole, il faut avoir un discours saint, dénué de commérages, calomnies, flatteries, obscénités et mensonges. Au niveau de l’action, il faut adopter un comportement plaisant aux yeux d’Hachem et non le contraire. De cette manière, nous serons aptes à recevoir la sainte Torah et ses bénédictions.
Le verset précité nous enseigne également qu’il nous faut purifier notre cœur et remplacer la cruauté et le pessimisme que nous ressentons parois vis à vis d’autrui, par de la compassion et de l’optimisme. Par le biais d’une comparaison entre l’eau et la Torah, le saint Gaon de Vilna nous dévoile un secret sur l’effet que la Torah peut avoir sur l’être humain : l’eau a la capacité merveilleuse de faire pousser la végétation, sans en modifier la nature. A titre d’exemple, lorsque nous arrosons une graine de pomme qui a été plantée dans la terre, celle-ci se développera et deviendra un grand pommier. Par contre, si nous arrosons des mauvaises herbes et des arbustes épineux, l’eau aidera aussi ces plantes à se développer en de plus grandes mauvaises herbes et de formidables buissons épineux. L’eau ne transformera pas une graine de pomme en buisson d’épines ou vice-versa.
Il en va de même pour notre Sainte Torah : la Torah fait grandir et progresser l’homme mais elle ne peut pas le transformer. Si un homme a en lui de bons traits de caractère et de bonnes vertus, l’étude de la Torah amplifiera ces bons traits et les fera croître davantage en qualité et en quantité comme il est écrit : « Ils l’élèveront et l’exalteront sur toute la création »(Avot 6.1). A l’inverse, celui qui possèdent de mauvais traits de caractère et n’a pas encore travaillé sur ses Midot pour les améliorer, l’étude de la Torah sera pour lui comme celle d’une science profane et il deviendra de plus en plus laid et véreux de l’intérieur. De “petit” mécréant qu’il était, il deviendra un “grand” mécréant.
C’est ce qui arriva à Doég Aadomi. Il était l’un des plus grands érudits en Torah de son époque (Voir Hagiga 15b). Pourtant, il n’y avait pas de plus grand meurtrier que lui. Il est rapporté dans le livre des prophètes (Chmouel 1 chap 22), qu’il assassina en un jour, quatre-vingt-cinq Cohanim dans la ville de Nov ainsi que tous les habitants qui s’y trouvaient comme il est écrit : « Et Nov, la ville des Cohanim, fut passée au fil de l’épée; hommes, femmes, enfants et nourrissons, bœufs et ânes… » (Verset 19)
Le cœur de Doég Aadomi était rempli par la cruauté et la violence avant même de commencer à étudier la Torah (Voir Rachi Hagiga). Malheureusement, il ne chercha pas à améliorer ses Midot et préféra étudier la Torah d’une manière théologique. C’est la raison pour laquelle, la Torah ne fit qu’exacerber ses défauts, elle le propulsa de petit à grand Racha.
Nous avons maintenant une compréhension plus profonde des paroles de nos Sages: « Quiconque enseigne la Torah à un élève indigne est considéré comme celui qui jette une pierre à l’idole Markolis (Mercure) »(Houlin 134a).
Le Rambam (Hilhot Talmud Torah 4.1) nous enseigne clairement ce qu’il faut faire avec un élève qui, par nature, possède de mauvais traits de caractère : « La Torah ne doit être enseignée qu’à un élève convenable dont les actes sont bienveillants ou à une personne dont le comportement est plein de droiture. Cependant, un étudiant potentiellement doué qui possède de mauvaises manières devra être aidé afin de corriger son comportement et formé pour suivre le droit chemin. Après qu’il se soit repenti, ses actes seront examinés et il sera autorisé à entrer dans la maison d’étude pour qu’on lui enseigne la Torah ». Nos sages craignent qu’un mauvais élève ne fasse plus de mal que de bien; qu’il fasse grandir son mauvais caractère à travers son étude de la Torah. Il devra donc, dans un premier temps, faire tous les efforts requis pour corriger sa mauvaise nature, et seulement ensuite, il sera prêt à étudier la Torah.
En fait, chacun d’entre nous devrait suivre ce processus avant d’étudier la Torah. Nous devons éradiquer de notre cœur nos mauvaises Midot de cruauté et de négativité envers les autres et les remplacer par des sentiments d’amour et de miséricorde pour nos semblables. Si nous n’accomplissons pas cela, il ne sera pas possible de recevoir la couronne de la Torah.
Rassemblés autour du Mont Sinaï, les Bnei Israël étaient tellement heureux de recevoir la Torah, qu’ils abandonnèrent leurs mauvais traits de caractère. Depuis ce moment là, le peuple juif se caractérise par trois Midot qui lui sont propres comme il est rapporté dans la Guémara (Yébamot 79a) : « Il y a trois signes distinctifs pour cette nation, le peuple juif : Ils est miséricordieux, humble et agissant avec bonté ». Tout celui qui possède ces trois signes pourra se lier à la présence divine.
De même, nos Sages disent (Bétsa 32b) : Rav Nathan bar Abba a dit au nom de Rav: Les riches Juifs de Babel descendront au purgatoire parce qu’ils n’ont pas eu de compassion les uns envers les autres. Cela est illustré par l’incident concernant Chabbetaï bar Marinus, qui demanda aux juifs aisés de Babel de lui prêter de l’argent en leur proposant la moitié des profits en retour. Mais ils n’y consentirent pas. En outre, lorsqu’il leur demandait de la nourriture, ils refusaient également. Il dit : « Ces gens riches ne sont pas des descendants de nos ancêtres, mais ils sont issus du Erev Rav. Quiconque a de la compassion pour les créatures d’Hachem, est un descendant d’Avraham Avinou et quiconque n’a pas de compassion pour les créatures d’Hachem, n’est certainement pas un descendant d’Avraham Avinou.» Si ce qui précède a été dit à propos d’une personne sans compassion, alors que dire à propos d’une personne qui est carrément cruelle…
Si nous devons traiter un étranger avec compassion, combien plus devons-nous traiter notre épouse avec soin et compassion. Efforçons-nous de la rendre heureuse de toutes les manières possibles et imaginables. Soyons patients et gentils avec nos femmes. Plus un homme se conduit envers sa femme avec bienveillance et compassion, plus Hachem agira avec bienveillance envers lui et le fera prospérer dans toutes ses actions tant spirituelles que matérielles. Une personne qui s’engage à l’amélioration de ses vertus, en travaillant ses traits de caractère, méritera une profusion de bénédictions et de succès. Le vrai succès est d’avoir de la réussite dans l’étude de la Torah, car il n’y a rien de plus précieux que la Torah. Elle le protégera dans ce monde et dans le monde à venir.
Extrait tiré du livre : Imré Noam Sefer Chémot – Paracha Yitro Maamar 4
du Rav Yoram Mickaël Abargel Zatsal
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